Biennale d'Art contemporain Lyon 2017

Jusqu'en janvier 2018, a lieu à Lyon la 14ème édition de la Biennale d'art contemporain. Le thème de cette édition est "Mondes flottants".


"The Art" d'Ari Benjamin Meyers
Dans une pièce, des t-shirts accrochés aux murs, des affiches sur des palettes ... Puis des instruments de musique comme sur une scène : une batterie, une guitare, une basse, un micro, des enceintes. Et même des éclairages. Mais pas de musiciens. Tout est près pour un groupe. Un moment flottant.
L'artiste y réuni parfois des musiciens et amateurs pour y répéter. Le groupe "The Art" progresse le temps de l'exposition avant de se séparer à la fermeture. On brouille les frontières entre répétitions / performance, art / musique ...




"Ricochets, les galets que nous sommes finiront par couler" de Julien Creuzet.
Œuvre politique et poétique. On découvre au sol des morceaux de drapeaux européens sur lesquels des structures en bois encadrent du riz. En l'air, une aile d'avion, une bâche de bateau, des fleurs. Comme si un crash avait eu lieu, et que l'on retrouve ici les débris. Comme des radeaux à la mer.



"Forever immigrant" de Marco Godinho
Une œuvre que j'ai particulièrement aimée.
Sur les murs intérieurs et extérieurs, une forme. On dirait de la fumée, une nuée d'oiseaux. Quand on s'approche, on peut lire "forever immigrant". L'artiste a tamponnée ces mots des milliers de fois sur les murs. Les mots se juxtaposent, se superposent, sont très marqués ou presque effacés.
Le tampon rappelle celui apposé sur les documents administratifs tel les passeports et visas. 
Nous sommes tous des migrants, venant de quelque part, et allant ailleurs.





"White Wide Flow" de Hans Haacke
Dans cet immense espace urbain, massif, bétonné, un léger voile de soie blanche ondule sous l'effet de ventilateurs. Comme une voile de bateau, des vagues.






 "Babel" de Cildo Meireles

Une tour composée de radios et transistors. Tour de l'incompréhension pour montrer la cacophonie.




 "Bataille" de Rivane Neuenschwander
Sur un immense panneau noir, des petits papiers sont épinglés comme des post-it. Ce sont des petits coupons de tissus avec des mots inscrits : poésie, utopie, guerre, non, police, retrait, diversité, amazonie ...
Des mots sur des étiquettes comme des étiquettes de vêtements pour former un lexique. Le spectateur est invité a choisir une étiquette et à la mettre sur le panneau ou à l'épingler à son vêtement, et a ainsi devenir le messager d'une poésie engagée.


"Oedipus" de Jan Mancuska
Dans une pièce, trois fils s'entrecroisent, avec des lettres sur ceux-ci. Il s'agit de 3 points de vue différents sur une même histoire : l'anecdote de Dan qui croit téléphoner à sa petite-amie et qui appelle sa mère à la suite d'une mauvaise blague. 3 fils comme 3 point de vue à suivre, 3 fils conducteurs. On peut choisir de croire le point de vue que l'on veut, on flotte dans le destin.







"Hollow / Stuffed" de Damian Ortega

Dans un endroit de l'immense espace sans mur, une montagne de sel. Il tombe depuis une sorte de sous-marin suspendu en l'air, fait à partir de sacs alimentaires. Le sel qui tombe s'accumule ainsi tout au long de l'exposition. Comme un sablier. 
L'artiste s'est inspiré d'un poème qui présente un personnage, trafiquant d'ivoire. 
Trafic de drogue, largage alimentaire, toutes les interprétations sont possibles.







"Sonic Fountain" de Doug Aitken
 Dans l'ancien silo de la Sucrière, un trou dans la dalle de béton. Le trou est rempli avec une eau laiteuse, dans lequel tombent des gouttes depuis des robinets suspendus.  Les gouttes ne tombent pas de manière aléatoire mais d'après un rythme bien préparé par l'artiste et des acousticiens. Puis des micros, placés dans l'eau, amplifient le son de ces gouttes qui tombent. On a l'impression d'être à l'intérieur d'une grotte. On ne sait pas quelle est la profondeur du bassin ; 20cm, 1m ou 15m. Le bassin n'est en réalité pas très profond, mais le côté laiteux donne un aspect étrange. Comme un miroir à travers lequel on pourrait traverser dans un autre monde.



Et aussi :








L'art contemporain semble hermétique, compliqué, difficilement accessible. On peut se demander si telle ou telle œuvre est de l'art. Est-ce que des sacs plastiques posés au sol peuvent être considérés comme œuvre d'art ? Marcel Duchamp a bien signé un urinoir. Il suffit de prendre ou créer quelque chose, de le mettre dans une galerie, et de dire que c'est de l'art. Les idées sont presque plus importantes que le résultat. C'est le concept qui compte. Tout le monde peut faire de l'art, tout le monde peut avoir l'idée mais tout le monde n'osera pas le faire.

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